Cas client Transport & Logistique : faire évoluer un administrateur système en RSI | Syncerus

De technicien à leader : comment un transporteur a transformé sa DSI

Contexte et point de départ 

Le client avait consenti de gros efforts de consolidation technique de son SI, mais peu d’accompagnement des métiersvers la transformation digitale. Le DSI évoluait vers un rôle de DG, et l’adjoint — jusque‑là administrateur système & réseau — devait monter en responsabilité sur un poste de RSI.

Perception initiale du problème : un manque de ressources humaines pour éteindre les feux du quotidien et absorber les demandes métiers. Dans les faits, la réalité était ailleurs…

Symptômes vs causes : le vrai diagnostic 

Le diagnostic a révélé que le Système d’Information était appréhendé sous un prisme essentiellement technique, et pas comme un levier de transformation :

• Pas de méthode projet formalisée ;
• Métiers désengagés : ils initient des projets puis laissent la DSI gérer « à leur place » ;
• Solutions livrées techniquement correctes mais mal alignées avec la réalité terrain ;
• Adoption faible → outils peu utilisés, générant frustration côté DSI ;
• Surmenage du futur RSI en mode pompier (réactivité > pilotage).

Conclusion : le problème n’était pas la quantité de bras, mais l’absence de culture projet, de gouvernance et de posture de leadership côté SI.

Le défi : passer de technicien à leader 

Le futur RSI avait toujours été la personne « qui dépanne ». C’est l’effet d’étiquetage : depuis l’enfance, “tu t’y connais en informatique” → tu résous tous les petits problèmes. Résultat : une identité de service et non de leadership.

La posture compte : comme chez un médecin, on fait confiance à un diagnostic clair, une prescription assumée, des rituels de suivi.
Le RSI doit inspirer la même autorité sereine, alliant écoute active et arbitrage.

Objectif : faire passer le RSI du rôle d’exécutant au rôle de chef d’orchestre — garant de la méthode, de la priorisation et des résultats.

Notre approche (hybride) en 3 étapes 

Nous avons adopté une approche hybride : combiner quick wins opérationnels et mises en place structurelles (méthode + gouvernance + posture), afin d’obtenir des résultats visibles sans attendre tout en installant une capacité durable.

Étape 1 — Diagnostic initial

• Cartographie de l’existant technique et des besoins métiers ;
• Analyse des écarts et goulots : capacité, priorisation, charge « support », adoption.

Étape 2 — Préconisations

• Déplacer le centre de gravité : de la technique vers la gestion de projets ;
• Formaliser la gouvernance et la culture projet ;
• Redéfinir les rôles DSI/métiers (voir §5).

Étape 3 — Feuille de route et accompagnement

• Portfolio des projets stratégiques & transformants ;
• Réalignement des moyens DSI sur l’accompagnement projet ;
• Changement de priorités, recrutement ciblé, coaching du RSI ;
• Mise en place d’une méthode et d’une gouvernance projet ;
• Désengagement du RSI des tâches techniques quotidiennes & du support utilisateur.

La nouvelle culture projet et la répartition des rôles 

Principe clé : chacun à sa place, dès le début.

• Le Métier
  • Détenteur du besoin et de la valeur attendue ;
  • Rédige l’expression du besoin (avec AMOA si nécessaire) ;
  • Contribue 85–95 % de la charge sur la spécification et l’acceptation.
• La DSI / RSI
  • Garant de la méthodologie (rituels, jalons, qualité) ;
  • Pilote les flux transverses, intégrations et la cybersécurité ;
  • Évalue la faisabilité et les coûts ; anime la priorisation.

Processus pivot : l’étude d’opportunité (business case léger)

1. Le métier défend l’intérêt stratégique (gains, risques évités, alignement enjeux).
2. La DSI qualifie la faisabilité (coûts, intégration avec le SI, cybersécurité).
3. Le CODIR arbitre : Go/No Go, ROI estimé, priorisation dans la feuille de route.

Après le Go

• Le métier spécifie (avec AMOA), la DSI cadre et intègre ;
• Approche agile : itérations qui permettent au métier d’affiner en cours de route ;
• Moins de projets en parallèle, plus de cadence et de focus.

Ressource interne utile : Répartition des rôles DSI / métiers.
Ressource interne utile : Écoute active côté RSI.
Ressource interne utile : Offre AMOA métier.
Ressource interne utile : Alignement stratégique / DSI.

Coaching du RSI : postures, rituels, KPI 

Changement de posture

• Passer de “je rends service” à “je prends des engagements et j’arbitre” ;
• Poser un diagnostic et prescrire une trajectoire (avec alternatives chiffrées) ;
• Refuser la prise en charge des basses besognes métiers : responsabilisation.

Rituels de pilotage

• Revue portefeuille mensuelle en CODIR (30–45 min, trame standard) ;
• Comité projet bimensuel (risques, décisions, livrables, adoption) ;
• Stand‑ups hebdo DSI (charge, dépendances, SLA).

KPI & engagements

• Délais d’instruction / Lead time ;
• Taux de projets alignés à la stratégie ;
• Capacité (WIP) et respect des SLA ;
• Adoption (usage effectif), satisfaction utilisateurs.

Résultats mesurables 

• Changement radical dans la vision du CODIR ;
• Mise en place d’une gouvernance projet pilotée directement par le CODIR ;
• Posture du RSI transformée : il est désormais écouté et suivi au CODIR ;
• Les métiers associent la DSI dès l’émergence du besoin (fin du “fait accompli”) ;
• Rattrapage délais : re‑planification, clôture des projets réellement livrés,
  réouverture de nouvelles boucles pour les modules suivants ;
• 40 % des projets sans priorité stratégique écartés de la feuille de route ;
• Cadence x8 en réduisant le multi‑projets et en responsabilisant les métiers ;
• Taux de réussite 100 % : ne sont lancés que des projets à gain avéré, faisables et pilotés de manière agile.

Pourquoi ça marche particulièrement en transport & logistique 

Le secteur est temps‑réel et interopérable par nature : TMS, WMS, télématique, EDI clients/fournisseurs, traçabilité, conformité douanière, cybersécurité.
Sans gouvernance et intégration transverse, l’empilement d’outils dégradera la performance opérationnelle.
La posture RSI leader + culture projet évite les fausses bonnes idées et sécurise les gains terrain (OTD, qualité de service, coût au km, disponibilité flotte).

Plan d’action 90 jours (checklist) 

J0–30 : (Re)cadrez et stoppez l’hémorragie

• Installez une revue portefeuille CODIR mensuelle.
• Figez les demandes entrantes → tri par valeur (No Go / Later / Now).
• Publiez la définition des rôles (métier/DSI/AMOA) et la charte projet.
• Sortez le RSI du support et déléguez les tâches récurrentes.

J31–60 : Rendez visibles les arbitrages

• Formalisez l’étude d’opportunité (gains/risques/ROI/capex‑opex).
• Limitez le WIP (2–3 projets stratégiques simultanés max).
• Mettez en place les rituels (comité projet, stand‑ups).
• Définissez vos KPI (lead time, adoption, SLA, risques).

J61–90 : Accélérez et sécurisez l’adoption

• Poussez une approche agile sur 1–2 pilotes à forte valeur.
• Coachez les sponsors métiers : décisions rapides, arbitrages assumés.
• Équipez la DSI (outil léger de backlog/portefeuille).
• Cadrez un recrutement et un backfill technique si nécessaire.

Conclusion

Ce cas prouve qu’augmenter les ressources sans changer la posture et la gouvernance ne résout rien. En faisant évoluer un administrateur système en RSI leader, en réengageant les métiers et en pilotant au CODIR, on obtient cadence, focus et impact.

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